XAJOJ TUN RABINAL ACHI
2010
Synopsis
XAJOJ TUN RABINAL ACHI est une réinterprétation contemporaine du grand théâtre dansé cérémoniel maya Rabinal achi gardé vivant depuis la conquête espagnole du Guatémala en 1547. Transmis d’abord oralement, il fut transcrit une première fois en français vers 1862. En 2005, l’oeuvre a été classée Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Sa version originale, qui peut durer une dizaine d’heures, est jouée chaque année lors de la fête de Saint-Paul, le 25 janvier, sur le parvis de l’église San Pablo de Rabinal au Guatémala. Ce récit raconte la capture, le procès et la mise à mort d’un guerrier rebelle, Kaweq Kiché, qui a trahi l’ordre social,. Autour de lui, la cour du seigneur Job Toj, la reine Ixoc Ahau, la princesse Mère du Quetzal et le guerrier de Rabinal. Dans XAJOJ TUN RABINAL ACHI, on retrouve aussi les fragments de deux autres grands textes précolombiens sauvés de la destruction : Le Popol vuh, texte portant sur la mythologie et l’histoire des migrations des Mayas et le Chilam balam de chumayel, texte de prédiction divinatoire calendrique. Ces trois textes sont parmi les plus grands trésors de la littérature amérindienne.
Une aventure artistique, transculturelle et spirituelle
Depuis le tout début de sa démarche théâtrale, Ondinnok s’est engagé dans une quête vers les sources de la culture amérindienne. XAJOJ TUN RABINAL ACHI a permis de rallier les forces vives actuelles du milieu culturel autochtone dans une démarche de création qui allie le théâtre et la danse. Et ce, afin de produire un événement qui déjoue les frontières culturelles et physiques entre les peuples autochtones des Amériques. Cette aventure spirituelle unit le théâtre traditionnel maya et le théâtre contemporain autochtone d’Ondinnok.
XAJOJ TUN RABINAL ACHI résulte d’une collaboration artistique et amicale entre Ondinnok et El Baile Danza Rabinal Achi, troupe maya du Guatémala, détentrice du Rabinal achi. Don Jose Leon Coloch Garniga et sa famille sont les derniers d’une longue chaîne de familles mayas qui depuis des générations ont protégé et transmis ce grand rituel théâtral, ainsi que ses codes de représentation. Initiée en janvier 2007 par une première visite de Catherine Joncas et Yves Sioui Durand, au village de San Pablo Rabinal, au Guatémala, cette collaboration artistique a trouvé son aboutissement trois ans plus tard sur la scène de l’Excentris.
Ondinnok n’aurait pu espérer une expérience plus riche afin de célébrer ses 25 ans. La présence sur scène de Don Jose Leon Coloch et son fils Jose Manuel constitue une réussite de collaboration transculturelle majeure sur le plan artistique entre des artistes amérindiens du Nord et du Sud. Ondinnok a su bâtir avec eux un lien de confiance et de réciprocité qui a permis à ces gens très traditionnalistes et conservateurs de s’ouvrir à cette proposition de relecture du Rabinal Achi, de la partager avec nous sur scène et de s’investir entièrement dans le processus de création d’un théâtre de la modernité.
Il s’agissait d’une véritable quête spirituelle pour les acteurs/danseurs, qui passait par la venue non décidée des ancêtres à travers les masques comme le faisaient autrefois les Hurons-Wendat lors du festin des morts. Chaque soir un interprète provenant du Chili, de la Bolivie de l’Équateur, du Guatémala, du Mexique ou du Québec était convoqué par les ancêtres Mayas pour personnifier Kaweq Kiché le personnage principal du Rabinal Achi. Chaque soir donnait lieu à un spectacle unique où le public faisait l’expérience d’un théâtre divinatoire qui laisse l’histoire se raconter elle-même à travers le corps vibratoire, le corps théâtral des participants.
La réussite de ce projet théâtral reposait sur la confiance des participants en la vision singulière de Yves Sioui Durand et sur l’engagement de chacun, interprètes et concepteurs, dans la folie de retrouver le chemin des ancêtres. XAJOJ TUN RABINAL ACHI a été une réussite artistique, un succès public et surtout le lieu d’une rencontre extraordinaire entre la culture maya et les cultures autochtones du nord, le moment d’un partage entre artistes autochtones au sein d’une dramaturgie millénaire.
Est-ce une pièce, au fait ? Plutôt un cérémonial, presque une transe, avec des costumes spectaculaires, des masques, des danses de la compagnie Ondinnok, un mélange de styles parfois heureux, ici et là dissonant. Rien à voir avec nos dramaturgies classiques, et seuls les spectateurs qui abandonnent leur esprit cartésien au vestiaire s’y plongent avec bonheur. Devant Xajoj Tun Rabinal Achi — à prononcer d’un seul souffle — on se laisse guider vers cet ailleurs intérieur, l’inconscient collectif en somme, dont l’humanité doit bien se partager les codes inconscients. Songeant à ce dont l’Amérique s’est trop longtemps privée en écrasant les premières cultures du territoire: la richesse d’une autre cosmogonie. Odyle Tremblay, Le Devoir, 27 juin 2010
Dates des représentations
- 18 au 27 juin 2010 – Montréal, Excentris
Équipe
Metteur en scène | Yves Sioui Durand
Chorégraphe | Patricia Iraola
Interprètes | Charles Bender, Marco Collin, Nicoletta Dolce, Yves Sioui Durand, Hélène Ducharme, Patricia Iraola, Catherine Joncas, Lara Kramer, Mireya Bayancela Ordonez, Rodrigo Ramis et Leticia Vera et la participation spéciale de Jose Leon Coloch Garniga et Jose Manuel Coloch Xolop du Guatémala
Concepteur du décor | Jonas Veroff Bouchard
Conceptrice des costumes | Linda Brunelle
Concepteur sonore | Nicolas Grou
Conceptrice des masques | Claude Rodrigue
Concepteur des lumières | Guy Simard
Chapelière | Lyne Beaulieu
Assistance aux costumes | Chantal Bachand, Julie Sauriol, Mathieu Audy, Christine Neuss et Mireille Tremblay
Concepteur des tambours | Norbert Roy
Peintre scénique | Dasha Valakhanovitch
Directeur technique et régisseur d’éclairage | Geoff Levine
Régisseur de plateau | Audrey Gaudet
Photographe | Martine Doyon
Producteur | Ondinnok en coproduction avec le festival Présence autochtone