Programme de formation pour les autochtones

Collaboration avec l'École nationale de théâtre du Canada (2004 à 2007 )

En 2004, Ondinnok met sur pied un programme de formation intensive en théâtre pour les Autochtones. Une première au Québec. Ce programme marque pour la compagnie théâtrale l’aboutissement de plus de vingt années de recherches et de création. Il est grand temps que des comédiens et comédiennes d’origine autochtone prennent leur place sur scène et donnent un visage et une voix à toute une génération désireuse de s’exprimer dans le monde d’aujourd’hui.

Le programme avait pour but de renforcer l’identité autochtone des participants par une redécouverte des valeurs et des pratiques théâtrales issues des diverses cultures autochtones d’ici et d’ailleurs, tout en intégrant les techniques du théâtre contemporain. Cet enseignement visait non seulement à former, mais aussi à ressourcer tous ses participants au sein de leur culture autochtone tout en les préparant à l’avenir. Une démarche qui devait faire en sorte que l’étudiant comprenne et puisse acquérir une maîtrise des codes des arts de la scène tels qu’ils se pratiquent aussi dans la société dominante. Cette formation offrait aux participants qui en avaient le désir une base solide pour entamer une démarche de comédien, soit en poursuivant leur perfectionnement grâce à des écoles théâtrales, soit en participant à des productions d’Ondinnok.

Catherine Joncas et Yves Sioui Durand se sont appuyés sur les méthodes ancestrales et traditionnelles d’apprentissage comme étant les meilleures : apprendre par imitation, observation et expérience. L’explication intellectuelle ne jouant pas un grand rôle dans les premiers pas de l’éducation, ils utilisaient toujours la métaphore de quelque chose de concret: un voyage en canot, un campement, une chasse pour illustrer le processus de création. Ondinnok proposait ainsi une approche qui alliait rêve et réalité, un travail sur le registre des émotions à travers le corps pour arriver à l’état de jeu. Il s’agit d’une vision spirituelle de l’acteur et de son lieu, héritée des anciennes cultures autochtones des Amériques.

La première phase du programme a été donnée de 2004 à 2007 en collaboration avec l’École nationale de théâtre du Canada et a rejoint dix-huit participants. Ce fut une formidable expérience pour tous, étudiants comme professeurs. Des liens se sont noués, une communauté s’est créée, des amitiés ont fleuri qui ont donné lieu par la suite à des projets et des collaborations uniques.

Une deuxième phase implantée au coeur des productions d'Ondinnok (2008 à 2011)

Après la fin de sa collaboration avec l’ENTC, Ondinnok poursuit, de 2008 à 2011, ses activités de formation en offrant des ateliers en lien avec les productions théâtrales en cours dans la compagnie. De 2008 et 2009, Ondinnok introduit aussi des ateliers de danse contemporaine autochtone. Dans la tradition amérindienne, le lien entre le théâtre et danse est une constante. Les formateurs prenaient un risque, parce qu’ils savaient que très peu d’autochtones des communautés connaissent les démarches créatrices des chorégraphes autochtones contemporains. Avec cet atelier, ils cherchaient à créer une ouverture et à vérifier l’intérêt pour cette forme d’expression nouvelle. Le chorégraphe Gaétan Gingras est invité à diriger ces ateliers qui furent axés autour de l’œuvre précolombienne Rabinal Achi. Sept participants ont pu suivre de près le développement du projet XAJOJ TUN RABINAL ACHI. Ils se sont rendus au Guatemala pour assister aux representations de ce théâtre cérémoniel et deux d’entre eux ont participé à la création.

En 2009 et en 2010, Ondinnok s’associe aux Films de L’Isle pour offrir des ateliers de perfectionnement aux anciens du programme. Ainsi commence une nouvelle phase qui mettra l’accent sur des ateliers de jeu devant la caméra. Dans le cadre de cette formation, des apprentis réalisateurs autochtones ont pu ainsi travailler avec des acteurs semi-professionnels où ils ont réalisé des courts métrages. L’objectif de ces ateliers était de permettre aux acteurs de découvrir les codes du cinéma et les exigences particulières du jeu devant la caméra tributaire du découpage technique et de la vérité nécessaire pour le grand écran. Les acteurs étaient appelés à jouer leurs scènes dans le désordre, avec plusieurs répétitions des mêmes attitudes et des mêmes intentions au cours des sessions de tournage. Des ateliers ont aussi été donnés aux comédiens devant jouer dans le film Mesnak. Cette entreprise audacieuse fut un véritable combat mené pour sa survie financière.

Au cours de ces années, plusieurs artistes et enseignants ont collaboré à ces formations: Francine Alepin, Peter Batakliev, Clément Cazelais, Jean-Francois Gagnon, Gaétan Gingras, Aimee Lee, Jocelyne Montpetit, Brigitte Poupart, Denis Chouinard et bien d’autres. Qu’ils en soient tous remerciés. Aujourd’hui, on peut constater que les efforts ont porté fruit. Ce programme a ouvert la porte à toute une génération d’artistes qui gravitent professionnellement dans la sphère artistique. Marco Collin, Véronique Hébert, Dave Jenniss, Christian Laveau, Émilie Monnet, Luc Vincent-Savard et Kathia Rock, sont parmi ces finissants. Enfin, il serait difficile de ne pas mentionner la présence aux ateliers et l’intégration à l’exercice public de 2006 de Jasmyne Hébert, la fille de Véronique, âgée alors de six mois. Grâce au fait qu’il n’y avait pas de barrières d’âge parmi les participants, nous avons pu accomplir notre but de créer un esprit de famille comme dans les grandes traditions autochtones, et d’accentuer l’importance de la culture et de l’apprentissage ancien.