Inabadan, le rêve pour grandir
Il y a de ces expériences qui confirment que ce que nous faisons en tant qu’artiste est essentiel. L’art est guérisseur, on le répète depuis des années chez Ondinnok. Je confirme que la deuxième édition de notre camp artistique et culturel INABADAN en est pour moi la preuve.
- Comment ne pas se sentir heureux·se et touché·e par autant de générosité de la part de cette belle jeunesse Anicinabe?
- Comment ne pas garder en mémoire les précieux moments de partage autour du feu à la belle étoile dans ce magnifique territoire à Senneterre?
- Comment ne pas être touché·e en assistant aux cours de langue, chaque matin, de notre chère professeure Anna Mapachie à la générosité aussi grande que 12 shaputuan, et voir les yeux encore endormis de certains ados s’illuminer?
- Et bien sûr, comment ne pas oublier les soupers de brochet, castor et d’orignal, qui suivent la tradition de ce peuple de l’Abitibi-Témiscamingue?
Représentation de «NIN la porteuse»
Crédit photo: Cédric Corbeil
En collaboration avec Minwashin, nous avons fait notre possible pour enseigner un peu de leur culture à ces jeunes et ils y ont été très réceptifs.
Chaque jour, nous avons également travaillé le jeu théâtral, l’improvisation, la voix et l’écriture en vue de présenter une création originale, imaginée, écrite et montée avec les jeunes. Cette présentation à eu lieu à l’Agora des arts de Rouyn-Noranda devant un beau public d’environ 40 personnes.
Je me dis souvent que le résultat de la représentation sur une grande scène de théâtre à la fin d’une semaine d’apprentissage et d’ouverture passe en deuxième. C’est le long voyage pour sortir de sa coquille, s’ouvrir aux autres et remplir son esprit de la plus grande confiance en soi, qui est pour moi l’essentiel. Mais cette année, le résultat a été particulièrement magnifique, et la fierté des jeunes d’être sur scène et de présenter une si belle création semblait presque aussi importante que le chemin parcouru. En fait, l’un n’aurait pas été possible sans l’autre. Grâce au chemin, nous avons pu créer quelque chose de fort, et grâce à l’excitation et la motivation de présenter quelque chose au public, nous avons avancé à grand pas sur le chemin. Cette magnifique finalité était nécessaire pour clore en beauté cette semaine intense et laisser repartir les jeunes avec des étoiles dans les yeux et de la confiance dans le cœur.
La fierté des jeunes d’être sur scène et de présenter une si belle création semblait presque aussi importante que le chemin parcouru.
Représentation finale à l’Agora des Arts de Rouyn-Noranda
Crédit photo: Marie-Claire Moraine
Dans cette histoire imaginée par nos jeunes allumé.e.s et sensibles, tout y était. Ils ont choisi de jouer un vieil aîné qui a perdu son territoire au profit d’un centre d’achat et qui, assis sur son banc entre le Dollarama et la pharmacie, raconte aux premiers passants ses souvenirs, le tout sur un fond sonore live joué par Emilio Wawatie. C’était juste parfait et ça nous rappelle que malgré les défis des communautés, les aîné·e·s y sont encore respecté·e·s.
Encore une fois, je me sens privilégié d’avoir fait ce beau voyage avec chacun·e d’entre vous. Merci pour votre grande générosité et ouverture, vous nous avez donné, encore une fois, une belle leçon de vie et un sens à notre travail. Summer-lee, Tony, Shyla, Elie, Trent, Blake, Kassidy, Haylie, Doreena, Marie… vous avez toute la vie devant vous. Kitci mikwetc!
Sans oublier ma belle équipe artistique, Marie-Pier, Alexandre, Janie et René, vous avez été formidables. Merci à Minwashin pour la collaboration. Et bien sûr, merci à Marie-Claire pour ta gestion et ta présence.
Dave Jenniss
Dave Jenniss est le directeur artistique des Productions Ondinnok. Il a écrit cet article en collaboration avec notre chargée de projets, Marie-Claire Moraine.